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L'HISTORIQUE
12 février 2005

PHONE-ART 1. Qu'est-ce que le Phone-art ? Le

PHONE-ART

 

 

1. Qu'est-ce que le Phone-art ?

Le phone-art (parfois écrit phonart) est l'un des multiples courants artistiques de la Lista qui a pour objet principal la voix. Si n'importe quel entretien téléphonique avec un des représentants de la Lista relève normalement du phone-art, le phone-art a le plus souvent pour support privilégié les répondeurs téléphoniques des institutions sociales avec lesquelles la Lista est en pour-parler. Citons à titre d'exemples les interventions suivantes :

  1. phone-art du grand concours la Lista pour le personnel administratif du Musée d'Art Moderne de la ville de Paris

 

 

2. Extraits du manifeste sur le Phone-Art

par Eduardo Munerez

 

(...) Rappelons pour aller très vite que si l'on considère le trajet social de l'objet d'art, il faut considérer au moins deux cadres ; le premier, celui de sa création, l'émanation de l'objet, le second celui de sa reconnaissance sociale et avec elle la reconnaissance de l'artiste comme tel. C'est ce second cadre, en tant qu'institution (musée, galerie, salle de concert...), qui nomme l'objet comme oeuvre, l'expose à un public et, ce faisant, devient une sorte d'intermédiaire obligé entre l'artiste et le public. (...)

(...) Le courant du Phone-Art, créé et apparu en juin 2000 par la Lista est inspiré du courant du mail-art. La spécificité du Phone-Art est d'abolir la distinction de ces deux cadres en faisant paraître l'objet vocal au lieu même de son exposition (répondeur téléphonique) ; cet objet a pour adresse l'institution que l'artiste sollicite afin d'y être exposé. (...)

(...) Par la singularité donc d'un seul et unique lieu où se confondent lieu de parution et lieu d'exposition, le Phone-Art perturbe à ce point les cadres qu'au bout du compte, on peut dire que l'institution disparaît comme institution, le public, quant à lui, disparaît littéralement ; comme si le public, par son absence dans ce cadre, avait déchargé, vidé l'institution de son statut, pour la mettre à sa place... (...)

(...) L'objet social du Phone-Art, en s'infiltrant dans l'institution, oblige et assigne ses représentants à devenir public, force dans le temps de son écoute à les interroger sur leur statut. De ce fait, il est alors difficile de savoir quelle qualité endosse alors l'objet vocal en dépôt sur les répondeurs de l'institution : message ou oeuvre d'art ? et s'ils engagent une réponse à cet objet, s'inclut-elle dans un cadre professionnel - de l'institution à l'oeuvre - ou bien dans le cadre même de l'oeuvre en jeu - de la place de public dans l'institution à l'oeuvre ? (...)

(...) La question se résout dès lors que la Lista décide par exemple d'exposer l'installation relative au Phone-Art. Alors, ceux que le public suppose derrière les répondeurs sont bel et bien les représentants de l'institution et non le public d'un objet devenu alors et dans ce cas sans adresse. Toutefois, rassurons-nous... dans cette installation, la Lista ne manquerait pas de perturber plus encore la lecture des différents cadres et statuts de manière à faire se rencontrer les deux publics et d'amener progressivement à inverser les cadres tant et si bien qu'à la fin le public serait amené à s'interroger à la place de l'institution. Plus intéressant encore dans le croisement des deux cadres jusqu'à leur inversion, serait qu'apparaisse dans le Phone-Art, de la part de l'institution, l'objet d'une réponse créant ainsi un début d'échange... (...)

(...) Réponse ou non à cet objet, il naît de toute façon un lien entre l'oeuvre et l'institution, du moins c'est ce que suppose n'importe quel public parce qu'à cet endroit il y a intérêt, celui de prendre la place de l'artiste afin d'éprouver le rapport en jeu avec les représentants supposés de cette institution ; de ce lien créé, la Lista force encore l'intérêt de ce courant d'art en en faisant la teneur du contenu de l'objet vocal. C'est de ce lien que l'objet vocal traite, de la problématique du rapport qu'il instaure en même temps qu'il le crée. Et en créant le rapport dont il parle, il vient encore perturber les statuts jusqu'à par exemple déguiser la voix de l'artiste dans la voix d'un des représentants institutionnels en s'adressant justement à un représentant institutionnel. A l'écoute du message, la question "qui parle ?" s'impose... (...)

(...) Le répondeur, en tant que simple outil de travail, est également interrogé dans sa fonction d'objet ; il n'est plus un simple répondeur, il n'est pas un ready-made, mais il est le support par lequel s'expose l'objet vocal. Le répondeur contenant l'objet vocal "extérieur" appartient-il encore au cadre de l'institution ? L'objet vocal du Phone-Art a-t-il forcé les portes de l'institution sur les répondeurs ou bien a-t-il réalisé, créé à l'intérieur de l'institution, un hors-cadre ?

Paris, 25 septembre 2001

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